"Pascal Damuseau ne photographie rien d'extraordinaire, car il lui importe avant tout de saisir la juste tonalité de chaque chose, fût-elle infime, et aucune finalement ne l'est vraiment. Brin d'herbe, grain épais de la muraille, sillon dans le ciel ou pavé luisant sous le poids des années, une architecture trop franche ou une nudité douce, apaisée, géométrie des passants solitaires et bruissement du vent... [...]Curieux mais lent, ouvert à la technologie nouvelle ou aux antiques chimies de l'image, au travail et aux idées des autres, le photographe avance seul, sans plan de carrière, dans un monde aéré mais comme à l'écart, en marge, sans tapage, sans effet. Il y a, comme en musique, une basse continue, un filet de voix dans les images de Damuseau, un filet de voix un peu triste qui parle de deuil et d'abandon, de noirceur. Et pourtant il y a toujours dans ces images une ouverture, celle qui révèle sa présence quand le regard, quand l'attention (et la faible profondeur de champ qui sculpte le moindre détail) peuvent démêler dans un même cadre l'ombre et la lumière, l'extrêmement ténu et l'infiniment grand, le très complexe (l'esprit) et le très simple (les formes) et - qui sait ? - le temps passé et le lendemain. Ce travail, dans son évolution récente, se dégage peu à peu de l'obscurité pour gagner la lumière, la frontalité (et notamment des portraits, des présences davantage affirmées), et son cadre enfin se laisse gagner par l'amour, par le corps de la désirée, par la sensualité de vivre... Esquisser plutôt que désigner. Comme si tout était affaire de patience, d'un lent dépôt de temps, se sensations et de sentiments, d'une décantation qu'il faut avoir opérée ou subie - en toute discrétion". (Emmanuel d’Autreppe, extrait de la préface)
Pascal Damuseau est photographe et professeur à l'École supérieure des arts Saint-Luc (Liège). Noir d'y voir est son premier livre.
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