Émilie Danchin pratique le portrait et, au détour d' "entretiens photographiques", cherche à matérialiser l'inconscient. "J'ai songé à ces endroits où l'on tend, sans vraiment savoir pourquoi, à se perdre dans nos pensées. On ne s'y oublie pas pour autant, bien au contraire, car si l'on semble s'y perdre, on y est solidement ancré." Partant de thématiques introspectives comme hypothèse de travail, Emilie Danchin présente des séries de portraits où les modèles semblent aux prises avec eux-mêmes sans s'en rendre compte. "Au fur et à mesure de la découverte des images, ce qui me frappe, dit-elle, c'est l'apparition de postures. Les modèles oscillent entre une rigidité et une spontanéité particulières. Ils nous racontent quelque chose qui les regarde mais qui leur échappe."
Attentive aux espaces d'ouverture, aux moments d'abandon, Émilie Danchin mise sur l'échange photographique pour enrichir un rapport au monde. La dimension à la fois frontale et inconsciente du travail ouvre à des légers décalages, à des confrontations qui, sans avoir jamais rien de spectaculaire, nous tirent du côté de l'étrange, du rêve éveillé, d'un questionnement sur ce qu'approcher le visage de l'autre peut dire. Française d'origine, Émilie Danchin vit à Bruxelles depuis 1988.
Philosophe de formation et photographe, elle articule son travail autour des mécanismes de la psyché. Également formée à l'analyse jungienne et à l'hypnose ericksonienne, elle a développé un cadre thérapeutique expérimental proche de l'artthérapie, qui inclut la photographie (s'appuyant sur le fait que l'inconscient se manifeste, entre autres, par des images). Ses photographies sont majoritairement en noir et banc, associées à du texte ou du son. Elle expose régulièrement depuis 2004. Elle publie son premier livre chez Yellow Now (série Angles vifs), préfacé par Jacques Sojcher et agrémenté d'un entretien avec Emmanuel d'Autreppe.
|