Éloge du poétique dans le cinéma du réel. Certains cinéastes dits "du réél" n'ont pas pour intention de "documenter" objectivement le monde ni de faire preuve par le visible. À l'instar des poètes, ils cherchent davantage à restituer des présences du monde plutôt que d'en créer des représentations. Il s'agit pour eux de s'affranchir des images familières du monde, de se défaire de la suprématie octroyée d'ordinaire au visible immédiat, pour s'affronter aux clichés qui, trop souvent, recouvrent les complexités du réel. En instaurant des détours, des ellipses et des absences, ces cinéastes font violence aux vocabulaires classiques du cinéma du réel. Par l'emploi de figures poétiques singulières, ils étourdissent le paraître du réel, provoquent la carapace ordinaire des choses et ainsi nous déshabituent du monde. Cet ouvrage analyse les écritures de cinéastes tels que Chantal Akerman, Naomi Kawase, Alain Cavalier, Jean-Daniel Pollet, André S. Labarthe, Sergueï Loznitsa, Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, Frank Cole, Arnaud des Pallières ou encore Irit Batsry. En faisant un éloge du minoritaire, en oeuvrant à une poétique du peu, ces cinéastes du réel convoquent des présences ténues, souvent oubliées ou négligées. Ils convient le modeste, le banal, l'informe, les ruines à prendre place dans une nouvelle architecture du réel, afin de donner à voir et à entendre un autre du monde...
Corinne Maury est maître de conférences en histoire et esthétique du cinéma à l'université de Toulouse-II – Le Mirail. Elle a enseigné pendant plusieurs années le cinéma à l'École supérieure d'art de Mulhouse. Ses travaux de recherche portent principalement sur la poésie au cinéma, les images du paysage et les formes de l'autobiographie. Elle a réalisé plusieurs films-essais documentaires, collabore aux films du cinéaste Olivier Zuchuat et a également publié avec Anne Immelé un livre de photographie : les Antichambres (Filig |