Catherine Lambermont s’est toujours attachée, dans son travail, à questionner les notions de visibilité, d’apparition ou de disparition, de perception et d’interprétation de la part du spectateur. Elle aborde ainsi la nature même de l’image, la feuilletant dans ses multiples épaisseurs de forme et de sens, liée aux choses non représentées, à la force d’évocation ou de suggestion d’éléments simples, confrontés ou mélangés par l’expérience subjective, singulière que nous en avons. Utilisant la photo, la vidéo, le dessin, la peinture, l’installation sonore, elle dépeint ainsi des espaces domestiques ou des lieux communs (à la limite : des non-lieux), à la lisière de l’étrange et du familier, sur le fil ou à la frontière de temps, d’espaces ou de souvenirs non définis, non définitifs. La vie anonyme et silencieuse, des environnements banals, des objets anecdotiques se transforment alors en paysages mentaux, entre la réalité et fiction, lorgnant vers le vide ou le hors-champ comme le ferait un rêveur éveillé, inquiet, en fragile équilibre. On traverse la vie contenue dans ses images en ombre ténue, impalpable, ou à la manière d’un courant d’air parcouru d’indéchiffrables évidences.
Emmanuel d’Autreppe, décembre 2015
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