Il est des univers qui ne prennent sens (ou même simplement forme) que dans l'inexprimable, l'intraduisible - des secrets qui ne s'échangent qu'en silence. Marie Sordat voyage (Bosnie et Herzégovine, France, Italie, Géorgie, Etats-Unis.) sans ramener de photos de voyages - ou alors de voyages intérieurs, car ses photos sont davantage des miroirs mentaux que le strict reflet du monde qui l'entoure. Elles nous parlent de l'humain dans une syntaxe méconnaissable, inconfortable et qui, à pas de loup, fait insensiblement sortir le visible de lui-même, à la pointe du couteau, dans le tranchant de l'ombre. Violence et douceur, accidents de la vie ou soif d'absolu, écorces d'êtres au creux du tourment : leur écriture radicale avec la lumière est de celles qui se reconnaissent d'emblée, s'impriment durablement, s'insinuent avec lenteur, en profondeur. Emmanuel d'Autreppe
|