Art photographique, le cinéma repose par définition sur l'enregistrement de la lumière du monde. Mais la lumière, qui nous permet de voir, n'est elle-même pas facile à voir ni à regarder. La faire voir, c'est le propre de certains films, qui en font un objet de contemplation ou un moyen d'expression ; d'ailleurs la science de l'éclairage – qui est l'art de maîtriser la lumière – a toujours caractérisé les grands cinéastes. On n'a privilégié ici aucune des possibilités figuratives ou expressives de la lumière au cinéma : l'intensité, la couleur, le contraste ; les lumières solaires et les lumières étranges et inquiétantes ; la lumière que l'on enregistre parce qu'elle est là, et celle qui agit sur le drame ; et on n'a pas oublié non plus que la lumière, au cinéma, c'est d'abord celle du projecteur, sans lequel il n'y aurait pas de film et auquel tant de films ont donné la vedette. Enfin, parce que nous baignons dans une culture pour laquelle le lumineux bien souvent équivaut au divin, on a donné toute leur place aux symbolismes et aux métaphores – divins ou diaboliques – dont l'histoire des films est prodigue. La lumière est du monde, elle est sur l'écran, elle est dans l'image : c'est en ce sens très large qu'on a voulu ici, au fond, donner sens au vieux terme de photogénie.
Né en 1942 à Avignon, Jacques Aumont a commencé sa carrière à l'ORTF et aux Cahiers du cinéma. Il a enseigné à l'Université de Paris III et à l'EHESS. Et parce que ses analyses sur la figuralité au cinéma ont eu un impact sur l'étude théorique du cinéma bien au-delà des frontières hexagonales, il a également donné des cours à Berkeley, Lisbonne, Iowa City... Il a publié de nombreux essais sur le cinéma.
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