"Qu’est-ce pour vous que la poésie ?" demandait-on un jour à Antonella Anedda. Et telle fut sa réponse : "C’est ma réalité, enfoncée dans ma vie : c’est une racine, et parfois une lame". Une racine qui la relie à la totalité de la terre et du cosmos, aux vivants et aux morts, à la parole même de ce qui semble ne pas avoir de voix. Et une lame qui ouvre au monde, annonce une blessure, mais devient aussi l’emblème du tranchant de la poésie. La force d’un livre comme Nuits de paix occidentale (1999) semble tenir à une tension toujours renouvelée entre un souci de réserve pudique, de loyale retenue où le chant révèle sa part d’ombre et de silence, et un élan profond, une ardeur immédiate dans le don de soi, dans l’incandescente offrande de parole.
Née à Rome en 1958, Antonella Anedda est reconnue depuis une dizaine d’années comme l’une des voix majeures de la poésie italienne contemporaine. Elle a publié à ce jour quatre livres de poèmes : Résidences d’hiver (1992), Nuits de paix occidentale (1999), Le catalogue de la joie (2003) et Du balcon du corps (2007). Des essais admirables ont été réunis dans Ce que sont les années (1997) et La lumière des choses (2000). Elle a traduit en italien À partir du mot Russie de Philippe Jaccottet. Plusieurs prix de poésie lui ont été décernés, en particulier le prix Montale. Pour la première fois en France, on trouvera réunies dans le présent volume des séquences essentielles son œuvre.
|