Souvenirs inédits sur Marcel Duchamp à New York dans les années 50 et 60.
" 'A Paris, on m'emmerde, ici je m'emmerde tout seul' , m'a dit Monsieur Duchamp, la première fois que je l'ai vu. J'avais dû l'interroger, concevant mal qu'il ait choisi de vivre loin de Paris, dans ce pays où je n'imaginais pas de vivre plus d'un an ou deux. Il avait le ton si poli que le verbe ne m'a pas surprise, même au milieu du siècle dernier. Pour qu'on l'emmerde donc le moins posible, il n'avait pas le téléphone, comme on l'a beaucoup raconté. Il échangeait des télégrammes, moyen de communication pas mal utilisé en ce temps-là, et des lettres. D'après mon agenda, j'étais passée déposer un mot dans sa boîte aux lettres, le 23 juin 1951. Ce devait être ma deuxième visite à New York après mon arrivée aux Etats-UNis. Il avait téléphoné à mon hôtel le lendemain et m'avait invité à dîner le surlendemain".
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