Qu’il raconte l’histoire d’un homme qui, pour preuve d’amour, demande à sa chaste fiancée d’embrasser un bossu hideux (Le Petit Bossu), qu’il dresse la galerie de portraits de truands décavés tuant le temps dans les bars crasseux où les jours sont noirs et les nuits plus encaissées que les cachots (Les Fauves), qu’il décrive les affres d’un candidat au mariage ou le remords d’un amour saccagé pour rien (Esther Primavera, Une sale nuit), l’atmosphère générale des nouvelles d’Arlt est celle des tangos de Carlos Gardel. Apparu dans les années 1920 à Buenos Aires, Arlt est comme le tango, il ne laisse aucune espérance.
Roberto Arlt (1900-1942) est l’un des grands noms de la littérature argentine du vingtième siècle. Fils d’immigrés européens (son père était allemand, sa mère tyrolienne italophone), il fut de ceux, nombreux, qui au début du siècle connurent la misère et contribuèrent à la naissance de l’Argentine d’aujourd’hui. Autodidacte, n’ayant reçu pour toute formation institutionnelle que trois années d’école primaire, Roberto Arlt a introduit dans la littérature de son pays un accent vraiment nouveau.
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