Jean-Michel Bertoyas est un cas très spécial dans la bande dessinée. Entre expérimentation graphique post-Bazooka et tradition populaire, ses références aux petits formats bas-de-gamme évoquent une sorte de Charlie Schlingo expérimental. Autopublié avec sa propre structure Kobé, révélé par Terrenoire et publié aux Requins-Marteaux, Bertoyas se devait d'être présent dans le catalogue de L'Association. C'est avec la réédition de Ducon, son oeuvre la plus marquante et la plus hallucinatoire, que se concrétise avec bonheur cette rencontre. Ayant connu deux premières micro-éditions chez Kobé et Terrenoire, Ducon est déjà un classique qui se devait d'intégrer la prestigieuse Collection Ciboulette. Sorte de quête initiatique underground défiant toute logique, la dérive du personnage de Ducon dans le monde outrancièrement sexuel et déviant obtenu par Bertoyas, à base de minimalisme, de collages et de raturages insolents, est assurément une expérience de lecture unique. Présenté par son auteur comme autobiographique, Ducon est aussi bien une ode à l'ivresse qu'un bras d'honneur à toutes les convenances.