Parmi les nombreuses lettres que Victor Segalen adresse à sa femme Yvonne au cours de son expé­dition en Chine, celle du 14 janvier 1910 s’achève par ces mots : "De toute cette descente, il va sortir un essai, à demi écrit, qui sera, avec La Tête, les premières choses que je publierai vraisemblablement, parce que la documentation en est parachevée. Cet essai s’appellera : La Vie d’un Fleuve ou bien : Un Fleuve."

Victor Segalen dit vrai. La descente du majestueux Yang-Tsè fera bientôt l’objet d’une prose puissante et ramassée et dont le titre est tout trouvé : Un grand fleuve. Victor Segalen parvient en quelques pages d’une densité rare à nous faire percevoir cette sorte de volonté de puissance de la nature, autrement dit encore la beauté même de la nature en ses apparitions, ses manifestations, ses dévoilements.

Un grand fleuve a été publié pour la première fois dans la revue Lettres nouvelles, en janvier 1956. Puis une seconde fois, en 1972, dans un ensemble intitulé Imaginaires, aux éditions Rougerie. Il n’existe à l’heure actuelle aucune publication séparée de ce texte.